On te demande un minimum de 20 lignes pour ton histoire. ce n'est pas beaucoup. Tu peux parler de son enfance, son adolescence, sa vie actuelle, ses rapports avec ses proches, ses rêves etc.“Cher Jonhas...
Lettre n°2319
Les règles sont faites pour être brisées ∆ Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été un loup. Mon père et ma mère l'étaient aussi. J'ai toujours rêvé de liberté, de rencontrer des gens, des créatures. Pareilles ou différentes de ce que j'étais, je m'en fichais. Mes parents faisaient partie d'une vieille meute très respectée, là où on vivait, à Toronto. Ils étaient amis avec les vampires. Ils rigolaient tous, ensembles, ils jouaient, chassaient, ne se séparaient jamais. Et puis il y a eu cette promesse. Tu te souviens, Jonhas ? C'était il y a exactement 27 ans. Ton père, le chef des vampires de Toronto, et mon père, Octave Calixte Harvey, s'étaient promis de ne plus avoir d'enfants. Ils en avait déjà eu et ça avait gâché leur amitié. Apparemment, tu avais une sœur, Elenor, et moi un frère, Zacharie - prénom magnifique, en passant. Ils s'aimaient trop et sont morts en s'enfuyant. Triste, hein ?
Et, vu que nous sommes là, c'est que nos pères ont détruit la promesse. L'ont écrasée sous leur souliers vernis. L'ont mordus jusqu'au sang. L'ont jeté aux oubliettes. 6 ans, ils ont tenu. Et tout à déraillé. Ton père a rencontré cette humaine, Astrid. Et mon père a rencontré cette louve, se faisant passer pour une journaliste. Ma mère, Dia. Et nous voilà.
Tu as détesté boire du sang, j'ai galéré à m'accepter. Tu te souviens, les soirs majestueux où on partait de nos cachettes pour voir les étoiles ? Tu étais obligé de m'attacher à notre arbre. Celui où on a gravé nos initiales, à nos 6 ans. Le bon vieux temps. On avait pas vraiment le droit de se voir, mais on le faisait quand même. Et puis... Ce fameux soir. Cet horrible 7 septembre, à nos 7 ans...
Mes chers parents, je pars... ∆ Ce soir, on était partis voir les étoiles. Les choses allaient bien, avant. Tu te souviens, ce qu'on s'était dit, avant que tu m'attaches à l'arbre ?
- Je serai toujours là pour toi, Marsh. Tu le sais ?
- Oui, je le sais, j'avais répondu
Tu m'avais attaché et t'étais reculé de deux pas.
- Promets moi de ne pas t'énerver, ok ? J'ai un truc à te dire
J'avais fronce les sourcils mais t'avais laissé parler. Tu t'étais raclé la gorge, avait frotte ta nuque nerveusement avant de replacer une mèche de tes cheveux blonds. Pendant ce temps, je m'impatientais, je m'imaginais cent un scénarios possibles, tentant d'oublier les papillons dans mon ventre. Tu t'étais approché, tu m'avais embrassé.
- Je t'aime, Marsh...
Même si on était jeunes, tu avais toujours parlé et agis en adulte. Tu ressentais les choses des adultes. Et moi, je restais ton boulet, ton bébé de compagnie. Mais ce jour-là, j'ai grandi une seconde.
- Moi aussi, Jo'. Mais nos parents...
Étaient en train de se faire lapider. On avait juste entendu un bruit. Un simple coup de feu. Et je t'avais supplié de me détacher. Tu avais hésité, j'ai réussi à te faire plier. On a couru vers nos cachettes. On est tombé sur ton père, un pieu en guise de coeur. Je t'ai caché cette vision. Maintenant, je te le révèle. On a couru chez moi. Mon père nous a emmené nous cacher dans cette grotte. Il a monté la garde. Ma mère a hurlé, mon père a accouru vers le son. Mais il n'a pas fait trois pas qu'on le tuait aussi. Devant mes yeux. J'ai voulu y aller. Tu m'as retenu. Tu as repris les chaines et m'a attaché à une sorte de colonne, dans la grotte. Je ne sais toujours pas si c'était pour le tueur ou la lune. On est repartis deux jours après. Tout avait brûlé. On a couru, j'avais les larmes aux yeux, tu me disais que nous allions réussir. Survivre. Nous en tirer. C'était ton nouveau but. Le mien, c'était de trouver les tueurs.
Dix gâteaux et un cadavre ∆ Tu connais cette fameuse blague ? Je t'explique vite fait. Un professeur propose un problème à un de ses élèves : tu as dix gâteaux. Tu en donnes deux à un garçon, combien t'en reste-t-il ?" Le garçon répond : Dix". Le prof réfléchit et change son problème : Et s'il t'en prenais deux de force ?" Et le petit fait : Dix. Plus un cadavre". Bref, là c'était pareil. Plus on avançait dans le problème, plus il y avait de cadavres. Pas de gâteaux pour nous, Jonhas...
On a couru un bon moment. Tous les visages que je connaissais étaient là, dans ma tête, et défilaient. Était-ce pareil pour toi ? Je revois nos parents, notre nounou - je la plains encore - et même la louve qui se faisait passer pour une boulangère, dans le village. Les voyais-tu, Jonhas ? On a pas couru longtemps, au bout de trois minutes, on a entendu du bruit. On s'est cachés derrière un buisson. J'ai regardé vite fait. Un homme, grand, un fusil à la main. J'étais jeune et aveuglée par la rage. Tu n'as pas réussi à me stopper. Je t'ai fait peur ? Non, tu es assez fort pour voir ça. Assez fort pour voir la fille que tu aimais tuer un homme - innocent, je l'ai découvert bien après - juste parce qu'il avait une arme. Mes yeux ont changés, après ça. Ils ont devenu bleus. Tu as aimé cette couleur ? Elle restera là à jamais. Dans mes yeux. Tueuse de sang froid. Voilà ce que disent les yeux que tu as aimé, autrefois...
Après une longue marche, nous avions décidé de chercher un ami de mon père. Il nous aiderait sûrement. Et puis cet incident. Tu avais quinze ans. Comme moi. Cette falaise, cette dispute et... Moi
Le rideau est tombé sur ta vie ∆ Une dispute. Stupide. Tu voulais t'arrêter un peu, pour te nourrir. Et moi j'ai été stupide. J'ai oublié qu'on était différents. Je voulais qu'on ne s'arrête plus. Tout allait bien, avant. Tu m'aidais à me contrôler. Je n'y arrivais pas, pendant les grosses colères, la rage, et autres sentiments négatifs forts. Mais ça allait, sinon. Et c'est ça, cette colère, cette rage contenue depuis si longtemps qui a causé ta - peut-être - perte. Tu étais trop près de la falaise. Je me suis énervée, je ne me suis plus contrôlée. Je t'ai envoyé valser dans le vide avant de comprendre ce que j'avais fait. J'ai descendu au bas de la falaise. Je voulais te rejoindre. Tu étais là, ne bougeant plus. Je ne pouvais pas y croire. Je t'ai dit au revoir en pleurant, t'ai embrassé une dernière fois, avant de partir. Je me suis retournée et tu avais disparu. Es-tu vivant ? Enfin... Encore là ? J'ai continué mon chemin vers l'Italie. Là où habitait Emilio, le vieil ami de mon père.
Bonjour Volterra, au revoir Emilio ∆ Emilio était un grand et vieux vampire. Il vivait en reclus, isolé de tous. Je l'ai trouvé quand j'avais 20 ans. Pour les 5 années au milieu, je peux t'expliquer. Je me suis vachement perdue. J'ai passé un an à Rome - va savoir comment j'y suis arrivée - et j'ai découvert le futur. Jeux vidéo, ordinateur, téléphone, télévision, réseaux sociaux, manga, bandes dessinées, tout ça, c'est génial ! Bref, j'ai trouvé Emilio et je lui ai tout raconté. Il a soupiré et m'a dit quelques mots simples, mais qui respiraient la fatigue.
- Mon dernier ami s'envole. Je n'ai plus rien à faire ici. Au revoir, Marshall. Bienvenue à Volterra...
Je savais ce qui allait ce passer. Cet homme créait des explosions. Je suis sortie de la maison en lui souhaitant bonne chance. Je ne me suis pas retournée. J'ai dit bonjour à cette ville et elle m'a accueillie. Comme elle l'aurait fait avec toi.
Jonhas... ∆ Si tu es encore sur ce monde, arrête de me fuir. Je ne sais pas si tu recevras cette lettre, ainsi que toutes les autres, mais si tu les reçois, rejoins-moi. Je t'aime,
Ta Marshy,
Ta poilue,
Ton amie
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